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La paratuberculose

 

La paratuberculose , également connue sous le nom de maladie de John, est une maladie infectieuse chronique des ruminants, caractérisée par une entérite productive spécifique, une diarrhée périodique et un épuisement progressif.

Agent

La paratuberculose est une maladie due à une bactérie qui touche le système digestif : Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP)  ou bacille de John.

L'agent causal de la paratuberculose est extrêmement résistant dans l'environnement extérieur. Les pâturages restent contaminés pendant 2 à 3 saisons.

Il est stocké:

  •   dans le fumier et le sol pendant plus de 11 mois ;
  •   dans l'alimentation et l'eau des réservoirs non coulants — 9-12 mois ;
  •   dans l'urine — 7 jours.

Le chauffage à 80 °C inactive les bactéries après 5 minutes, dans le lait après 1 à 5 minutes. Agent de la maladie est également sensible aux rayons UV.

Symptomes

La période d'incubation dure de 5 à 12 mois à 5 à 6 ans.

Il existe des stades asymptomatiques et cliniques de la maladie.

Chez les bovins, le stade asymptomatique de la maladie peut durer des années et ne peut être détecté que lors d'un examen allergique, sérologique ou bactériologique.

Le passage du stade asymptomatique au stade clinique peut se faire progressivement ou brutalement.

 

Cependant, sous l'influence de divers facteurs provoquants qui réduisent la résistance de l'organisme (Mise bas, mauvaise alimentation, situations stressantes), le processus infectieux est activé et provoque la manifestation clinique de la maladie. Le stade clinique de la maladie dure de 2 semaines à 1-2 ans.

Chez les vaches, les signes cliniques de la maladie apparaissent le plus souvent après le premier ou le deuxième vêlage et se manifestent par :

  •   LE PRINCIPALE SIGNE clinique de la maladie est une diarrhée abondante, qui alterne avec des périodes de défécation normale environ tous les 10-15-20 jours (les masses fécales sont liquides, aqueuses, de couleur jaune verdâtre ou brune, contiennent de petits morceaux de mucus,du sang et des bulles de gaz, ont une odeur putride désagréable) .une perte de poids rapide et progressive, malgré la présence d'appétit;

    ·  léthargie ;

    ·  pâleur des muqueuses ;

    ·  la laine devient mate et se détache facilement.

    ·  la production de lait diminue d'abord, puis la production de lait s'arrête complètement.

    ·  La température corporelle est normale, parfois elle baisse avant la mort.   

                                             

Chez chévres, la maladie touche essentiellement les animaux adultes, âgés de plus de 2 ans. Chez les caprins, elle se manifeste par un amaigrissement sévère et irréversible avec un appétit conservé. La présence de diarrhée n’est pas systématique contrairement aux bovins et l’évolution est irréversible conduisant à la mort.

Chez les ovins,l'infection se déroule encore plus discrètement que chez les bovins. Chez les moutons adultes et les béliers reproducteurs,  il y a amaigrissement, des gonflements apparaissent dans la zone de l'espace intermaxillaire, de grandes zones de dépilation se forment, la diarrhée est très rare. Après des vomissements, une exacerbation de la maladie est souvent observée.

Chez les chameaux et les buffles,la maladie s'accompagne d'un épuisement, d'une diarrhée d'abord intermittente, puis abondante, d'un gonflement en partie postérieur du ventre et autour des organes génitaux.

 

 

Traitement

Le traitement spécifique de la paratuberculose des grands et petits ruminants n'a pas été développé. Le traitement symptomatique est inefficace. Essayer d’enrayer la diarrhée est une erreur. L’animal contamine le milieu (40 milliards de bactéries sont excrétées par jour) et il perd de sa valeur bouchère. L’importance de la prévention est reste le meilleur moyen de lutte.

La répartition dans le monde et en France

La paratuberculose a une distribution mondiale affectant les pays développés d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Australie et d'Afrique. La maladie a été décrite pour la première fois en Allemagne il y a plus de 100 ans. A la veille de la Première Guerre mondiale, la paratuberculose bovine s'est répandue dans presque tous les pays d'Europe occidentale, notamment en Angleterre, en France, en Hollande, au Danemark, en Suisse et en Allemagne. L'agent causal a été introduit en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Russie avec du bétail malade..

Les zones où en France, la paratuberculose est la plus fréquente sont la Bretagne, la Normandie et le Massif Central, ainsi que les Pays de Loire, la région Rhône-alpes et le quart Sud-ouest de la France.

Les espèces cibles et les races plus sensibles

En conditions naturelles, la paratuberculose touche le plus souvent:

  •   les bovins âgés de 3 à 6 ans ;
  •   les ovins âgés de 2 à 3 ans ;
  •   les buffles et chameaux âgés de 2 à 3 ans ;
  •   Les caprins, les cerfs, les yacks sont moins souvent touchés.
  •   Parfois, les ruminants sauvages gardés dans les zoos sont touchés.
  •   La maladie expérimentale ne se reproduit pas toujours chez les animaux de laboratoire (lapins, spermophiles).
  •   Les veaux sont infectés dès les premiers jours de vie jusqu'à l'âge de 6 mois par le colostrum de la mère ou le lait collecté des vaches infectées.

A savoir également que certaines races sont plus sensibles (Préalpes plus sensibles que Mérinos par exemple).

Contamination

La source de l'agent causal de l'infection est les animaux cliniquement malades, qui sécrètent un grand nombre de bactéries avec les matières fécales, le lait, l'urine, le liquide amniotique et le sperme. Non moins dangereux sont les animaux présentant une évolution latente de la maladie, dont le nombre dans un troupeau en mauvaise santé peut atteindre 30 à 50%. Ces animaux deviennent une source dangereuse de l'agent causal de l'infection s'ils sont amenés dans des fermes sûres.

Le diagnostic de laboratoire

La coproculture : isolement du germe sur milieu de culture spécifique.

La PCR : mise en évidence directe de l’ADN de la bactérie (par amplification spécifique d’un fragment de l’ADN).

La sérologie : mise en évidence des anticorps spécifiques sur prélèvements de sang (par la technique Elisa). Ce test permet le dépistage des bovins infectés (excréteurs ou non).

Il est important de noter qu’aucune de ces techniques ne peut dépister des animaux infectés avant l’âge de 15 ou 18 mois.

 

 

Technique

Avantages

Inconvénient

La coproculture

• Possibilité d’avoir un résultat qualitatif (positif ou négatif)

• longue durée de la culture (12 à 18 semaines)

• Coûteuse : + / - 40 € / animal

• le risque de contamination des cultures par d’autres bactéries ou par des moisissures (dans ce cas, une nouvelle culture devra être réalisée, ce qui augmente d’autant les délais et le coût

La PCR

• rapide (48 heures)

• sensibilité plus élevée: cette méthode présente moins de risque de résultats «fausse- ment négatifs» que l’ELISA mais ne détecte que les animaux excréteurs. Or, l’excrétion de la bactérie dans les matières fécales d’un animal infecté n’est pas nécessairement constante.

• Coûteuse : +/- 50 € / animal

La sérologie

• rapide

• peu coûteux : +/- 4 € par animal

• Très peu de résultats faussement positifs: un animal positif au test est plus de 99 fois sur 100 réellement infecté par la paratuberculose.

• faible sensibilité de méthode

• présente un risque élevé de résultats « faussement négatifs» (animaux négatifs au test alors que réellement infectés voire déjà contagieux ).

 

PCR et ELISA sont complémentaires étant donné qu’elles ne se basent pas sur le même principe : l’ELISA recherche les anticorps tandis que la PCR cible les bactéries. La combinaison des deux permettent d’augmenter l’efficacité de détection des animaux infectés.

L’utilisation des 2 tests en parallèle réduit considérablement le risque de ne pas détecter une infection à cause d’un résultat faussement négatif en ELISA ou en PCR utilisé seul.

De plus, la PCR donne une information supplémentaire sur le caractère excréteur ou pas d’un animal.

Un bovin qui excrète activement la bactérie est plus dangereux pour les autres animaux du troupeau et en particulier pour les jeunes générations, en comparaison avec un animal infecté non-excréteur.

La prophylaxie

A l’échelle d’une exploitation

Dans les grandes lignes, le plan de lutte paratuberculose prévoit :

·  De réaliser une sérologie sur l’ensemble des animaux de plus de 24 mois chaque année (de préférence en même temps que la prophylaxie), afin de dépister les animaux porteurs de la bactérie. Un animal malade dans le troupeau est un indicateur que d’autres animaux sont infectés.

·  D’éliminer les animaux porteurs. Lorsqu’un animal connu comme étant infecté sur base d’un test ELISA ou d’un test PCR, présente les premiers signes cliniques ( diarrhée ), il est vivement conseillé de le faire abattre dans les plus brefs délais. Pour des raisons économiques, la réforme rapide est la meilleure option.

·  De réformer les descendances des animaux positifs.

·  De mettre en place toutes les mesures préventives pour limiter les risques de contamination : isolement des animaux positifs, désinfection des bâtiments.

·  De compostage les fumiers, si possible. De fait, comme la mycobactérie responsable de la paratuberculose a une durée de vie dans l’environnement de 8 à 12 mois, le compostage permet de diminuer la quantité de bactéries retrouvées dans le fumier et par conséquent, lors d’épandage de diminuer la contamination des prairies et des ruisseaux les traversant.

·  De maîtriser l’hygiène autour de la mise-bas. L’aire de couchage doit être suffisamment propre, l’évacuation des déjections régulières et le paillage suffisant. Les auges et les abreuvoirs ne doivent pas être souillés par les fèces.

A l’échelle d’un pays

Mis en œuvre depuis longtemps en France ou à l’étranger, les plans de lutte contre la paratuberculose clinique reposent sur la mise en œuvre simultanée de plusieurs des actions suivantes :

- l’identification et la correction des facteurs de risque de contamination au sein de l’élevage ;

- le dépistage et l’élimination des individus infectés excréteurs ;

- la vaccination des jeunes animaux ;

- plans de certification (L’objectif de ces programmes est de sécuriser les échanges d’animaux de manière à protéger les élevages sains).

En France, le plan de prévention type est celui défini par l'Association pour la certification en santé animale (ACERSA) en 2004. Reconnue par le Ministère de l'Agriculture, cette association à but non lucratif regroupe des représentants de l'élevage et des vétérinaires et travaille à l'élaboration de plans de lutte contre les maladies non réglementées. L'objectif du plan pour la paratuberculose est de permettre la certification des individus adultes des élevages bovins vis-à-vis de l'infection par Paratuberculose. Ce plan fixe des orientations et leur application exacte incombe les groupements de défense sanitaire (GDS). En fait, toute participation à ce plan est volontaire. Par ailleurs, il faut signaler que l’essentiel des plans proposés à l’heure actuelle ne concerne que les bovins.

La garantie est obtenue après deux séries de contrôles négatifs dits « d’acquisition », espacés de 9 à 30 mois et effectués sur tous les animaux de plus de 24 mois, mâles et femelles. Le maintien de la garantie est conditionné à la réalisation d’un premier contrôle dit « d’entretien » réalisé un an après le deuxième contrôle d’acquisition sur les animaux de plus de deux ans (mâles et femelles). Les contrôles d’entretien suivants sont espacés de deux ans et ne concernent que les individus de deux à cinq ans. Les animaux vaccinés sont exclus de la garantie du fait de l’impact de la prophylaxie médicale sur la sensibilité des tests de dépistage. Les animaux introduits doivent être soumis à deux tests de dépistage espacés de 9 à 15 mois dès lors qu’ils sont âgés de 18 mois minimum. Ils ne bénéficient de la garantie du cheptel introducteur qu’à l’issue de ces deux tests négatifs. Les animaux provenant des cheptels sous garantie dérogent à ces mesures.

Vaccination

Un vaccin inactivé adjuvé contre la paratuberculose bovine « réduit le nombre d’animaux excréteurs, le développement des lésions et la charge bactérienne ». Cependant, l’immunité paratuberculose induite interfère avec le dépistage de la tuberculose. Ainsi, la vaccination n’est autorisée qu’au cas par cas par les services de la DD(CS)PP. Cette vaccination va aussi interférer avec le dépistage sérologique de la paratuberculose.

Aucun vaccin dispose d'une autorisation de mise sur le marché pour l’espèce caprine. Dans certains cas, une autorisation temporaire d’utilisation peut être délivrée.

Les conséquences économiques

Pertes

Les conséquences sont essentiellement ECONOMIQUES.

La maladie cause des dommages importants aux élevages, qui se composent de la valeur du bétail mort ou abattu de force, de la perturbation des travaux d'élevage , de la réduction de la productivité animale ( 1 kg à 2,5 kg de lait par jour, en fonction du niveau de contamination de l’animal ) et pour une vache qui en présente des symptômes (diarrhée et amaigrissement ), les pertes sont estimées à 2000 €/ an. Mais les conséquences sont aussi indirectes: : consommation supplémentaire d’aliments, manipulations accrues, etc. Tout le processus de suivi, de dépistage et de procédure de réforme mobilise également des ressources financières.

Commerce

Rappelons que la paratuberculose fait partie de ces maladies qui s’achètent, il est donc indispensable de dépister les animaux achetés dès lors qu’ils sont âgés de plus de 18 mois par PCR sur fèces couplée à une analyse sérologique. Attention, seul un accord commercial préalable à l’achat d’un animal (ou d’un lot d’animaux) peut permettre le retour de celui-ci chez le vendeur en cas de réaction positive à l’un des 2 tests (document « Billet de Garantie Conventionnelle » disponible au GDS).

Paratuberculose chez l'animal / maladie de Crohn chez l'homme

Il y a des indices selon lesquels Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP) serait également impliqué dans le développement de la maladie inflammatoire de l'intestin que l'on appelle maladie de Crohn. La maladie touche le plus souvent la dernière partie de l'intestin grêle et le gros intestin. Elle occasionne de graves troubles intestinaux pouvant aller jusqu'à l'occlusion intestinale. La prédisposition génétique joue un rôle dans le risque d'être atteint. Le tabagisme favorise le déclenchement de la maladie. Mais le lien supposé entre la maladie de Crohn chez l'homme et la paratuberculose chez l'animal n'a pas encore pu être établi de manière définitive.

 

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